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28 juillet 2018 6 28 /07 /juillet /2018 20:18


Le contre-la-montre final au Pays basque a mis fin ce soir au Tour de France 2018. Après trois semaines d'ennui et de charge, l'arrivée à Paris fera office demain de soulagement. Mais que retenir de cette Grande Boucle avant de s'enfoncer dans la torpeur de l'été ?

1) La Sky gagne son sixième Tour de France en sept ans. Après Bradley Wiggins en 2012, Chris Froome en 2013, 2015, 2016 et 2017, voici Geraint Thomas en 2018. Le Gallois, sans référence notable en Grand Tour (son meilleur résultat était jusqu'ici une 15ème place sur les Tours 2015 et 2016), est passé d'un rôle d'équipier de luxe à celui de grand leader le temps d'un été, du Dauphiné à la Grande Boucle qu'il a tous deux survolé. Il a manqué à Chris Froome, affaibli moralement par son contrôle au salbutamol et physiquement par son triomphe au Giro d'Italia, quelques watts pour contrecarrer les plans de son propre équipier. Geraint Thomas, l'ancien pistard de plus de 70 kilos transformé en grimpeur sur le tard, à l'instar de son père spirituel Bradley Wiggins, vous salue bien. Épargné par les pépins en première semaine, il est arrivé en pole position dans les Alpes où il n'a pas eu à lever le cul de la selle pour s'emparer du maillot jaune. Bis repetita dans les Pyrénées où le Gallois n'aura finalement jamais été inquiété. Thomas est le dernier robot chimique inventé de toute pièce par la belle mécanique Sky. En ne plaçant pas toujours le même coureur sur la plus haute marche du podium à Paris, leur imposteur de directeur sportif Dave Brailsford cherche à éteindre perpétuellement l'incendie provoqué par l'incroyable domination de son équipe sur la plus grande course du monde depuis le début de la décennie. Mais qui peut croire que cette sulfureuse équipe marche à l'eau douce quand on voit Jonathan Castroviejo ou Michał Kwiatkowski transformés en pur grimpeur le temps d'un été alors qu'ils n'avançaient auparavant pas en montagne dans leur équipe Movistar et Quick Step ? De toute manière, après Geraint Thomas en 2018, Sky tient déjà avec Egan Bernal et Tao Geoghegan Hart les cracks de demain pour remporter de nouveaux Grands Tours. Il faut dire qu'avec 40 millions de budget, soit deux fois plus que la Movistar ou la BMC, l'équipe britannique dispose constamment des meilleurs coureurs du monde comme des meilleurs médecins de la Nasa.

2) Charge oblige, la nouvelle tendance pour être performant au Tour de France serait avant d'aller se coltiner le Giro à fond comme Tom Dumoulin et Chris Froome l'ont fait en 2018. Bien qu'il y ait eu une semaine de plus de récupération cette année entre les deux premiers Grands Tours de la saison pour cause de Coupe du Monde de football, ces deux performances coordonnées intriguent au plus haut point. Peut-être encore plus pour Tom Dumoulin, étant donné que l'on sait tous depuis longtemps que Froome et son vélo à moteur sont toxiques. Dumoulin qui s'était contenté de remporter le Giro l'an dernier a doublé cette année au Tour avec une réussite étonnante. Même s'il vient de gratter in extremis le dernier chrono de la Grande Boucle, sa frustration doit être immense puisqu'il s'est mis ras bord pour deux deuxièmes places derrière... deux Sky différents. On sent cependant moins de déception au Tour de France qu'au Giro d'Italia puisque le Néerlandais sait dorénavant qu'il a le Tour dans les jambes, chose qu'il ne savait pas encore forcément il y a un mois. Tom Dumoulin rappelle vaguement Eddy Merckx dans sons style. Coureur très classieux sur un vélo, surpuissant contre-la-montre et ultra-résistant dans la montagne, il est le grand champion de demain. Avec un peu plus de réussite, il aurait déjà remporté ce soir les trois Grands Tours puisqu'il s'est effondré inexplicablement le dernier jour avant Madrid sur la Vuelta 2015, et qu'il va finir ce Tour 2018 avec moins de deux minutes de retard sur Geraint Thomas, lui qui a perdu une minute trente dans l'étape de Mûr-de-Bretagne sur incident mécanique. Tom Dumoulin apparaît maintenant clairement comme l'arme anti-Sky.

3) Romain Bardet n'y arrive plus. Ce soir, le message est définitivement clair pour l'Auvergnat. Si Thomas, Dumoulin et Froome ont développé près de 420 watts dans tous les grands cols mythiques du Tour, Romain a plafonné à 410 watts cette année. Limité contre-la-montre, l'intellectuel de Brioude ne peut clairement plus viser la victoire sur la Grande Boucle dans ces conditions. Doit-il changer d'équipe pour se professionnaliser davantage (et rejoindre une grosse armada étrangère) ou changer de programme de courses dès l'an prochain (et venir au Giro et à la Vuelta) ? Lui seul le sait. Cette année, son équipe a été d'entrée dans le dur avec les abandons précoces de Domont, Vuillermoz et Gallopin, le gros nounours embauché pour rien, si ce n'est pour faire pleurer Marion Rousse à la télévision. Rouler à cinq a aussi fortement pénalisé Bardet. Il a tenté de sauver son Tour dans l'étape ultra-courte du col du Portet, comme dans celle mythique de l'Aubisque. En vain.

4) Primoz Roglic a finalement cédé. Après une démonstration de force la veille dans la descente de l'Aubisque, le rouleur Slovène est passé à côté de son contre-la-montre, et a dû rendre sa troisième place à un Chris Froome partiellement ressuscité et terriblement bestial ce samedi dans les côtes courtes et abruptes du Pays basque. Roglic se consolera donc avec cette quatrième place synonyme de révélation à l'échelle des Grands Tours, lui l'ancien sauteur à ski venu sur le tard au cyclisme. Son équipe Lotto NL-Jumbo se sera particulièrement montrée à son avantage puisque Steven Kruijswijk finira demain cinquième du Tour de France, deux ans après sa quatrième place au Giro. Si Roglic et Kruijswijk avaient couru plus intelligemment, l'un ou l'autre serait monté sur la boîte à Paris. Qu'importe, ils reviendront sur le Tour de France l'an prochain, et probablement encore plus forts.

5) L'équipe Movistar était venue avec une équipe particulièrement attrayante sur le papier puisque Nairo Quintana, Mikel Landa, Alejandro Valverde et Marc Soler étaient conjointement engagés. Comme chaque année, les belles promesses de l'équipe de Eusebio Unzué se sont rapidement envolées. Quintana était trop court dès les Alpes et ce n'est pas son réveil tardif dans les Pyrénées, avec le gain de l'étape ultra-courte du col du Portet, qui sauvera son bilan (dixième à Paris). Comme constaté depuis de nombreux mois, Nairoman apparaît vieillissant, en fin de carrière, et régresse dangereusement. En ce qui concerne Mikel Landa, il a toujours semblé à contre-temps sur ce Tour de France, loin de son niveau de l'an dernier alors qu'il avait pourtant le Giro dans les pattes. Mais il ne faut pas oublier qu'en 2017, Landa courait chez Sky, donc bénéficiait de tout l'arsenal de guerre pour briller sur les Grands Tours. Revenu en Espagne cet hiver, il semble s'être réinstaller dans le confort de Murgia, son village d'enfance au nord-ouest de Vitoria-Gasteiz. Septième à Paris, l’énigmatique Basque envisage déjà de changer d'air puisque Astana aimerait le récupérer après le départ non compensé de Fabio Aru à l'intersaison. Quant à Alejandro Valverde, il n'a pas vraiment existé, mais à 38 ans, le Murcian était ici davantage en préparation pour le Tour d'Espagne et surtout pour le Mondial d'Innsbruck où il aimerait enfin décrocher le fameux maillot arc-en-ciel. Marc Soler a lui fait le sale boulot en montagne tous les jours pour ses leaders. Pauvre Movistar.

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