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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 12:51

 

Alors que l'on s'est farouchement emmerdés depuis deux semaines et le départ de la Grande Boucle, les Pyrénées pourraient tout renverser ces prochains jours et donner enfin à cette 105ème édition un caractère palpitant. Revue d'effectif des cinq premiers du classement général, les seuls encore capables de remporter le Tour 2018.

Geraint Thomas (Sky) : Le Gallois est solidement installé en tête du général depuis les Alpes avec ses deux victoires d'étapes à la clé. Jusqu'à présent, il réalise la course parfaite, un sans-faute qui laisse à penser que c'est son année quand tous ses adversaires ont perdu du temps en plaine ou en montagne. Thomas dit depuis le départ être là uniquement pour aider son coéquipier et leader Chris Froome à remporter un cinquième Tour de France, mais sa langue commence à sérieusement fourcher au fur et à mesure que l'on se rapproche de Paris. La guerre interne n'est pas loin d'éclater chez Sky. Pour l'équilibre de l'équipe, il serait préférable que lui ou Froome cale rapidement dans les Pyrénées pour définir une véritable hiérarchie. Même si Thomas et Froome trustent les deux premières places du général, rien n'est gagné pour l'armada britannique puisque Thomas a toujours eu un jour sans en Grand Tour, et que Froome sort du Giro dans lequel il a forcément laissé de la gomme et de la ventoline. Aussi, Thomas a un coup de pédale très puissant qui s’accommode bien aux pourcentages roulants des Alpes. Les Pyrénées granuleuses et plus raides pourraient bien venir enterrer ses rêves de triomphe.

Chris Froome (Sky) : Il est le facteur X cette année chez Sky. Englué dans son affaire au salbutamol depuis la Vuelta 2017, il n'a su qu'au dernier moment que ASO le laisserait prendre le départ du Tour 2018 après un blanchiment douteux de l'UCI tombé comme à la parade début juillet. Entre-temps, Froome a dépensé sept millions d'euros de frais d'avocats dans sa défense. Son directeur sportif Dave Brailsford l'a envoyé au Giro en mai pour faire diversion comme Contador l'avait fait en 2011. En retrait en Italie jusqu'au dernier weekend de course, le Kényan blanc est sorti de sa boîte sur le Finestre en cannibale frustré, comme par magie enchanteresse, et y a accompli un renversement incroyable digne des plus grands de son sport. Après le Tour et la Vuelta 2017, il a donc remporté le Giro 2018 et les trois Grands Tours à la suite, exploit accompli seulement précédemment par Hinault et Merckx dans une autre époque. Et si Froome n'avait finalement jamais été aussi fort que dans l'adversité la plus totale ? Par précaution, Sky est venu au Tour 2018 avec Thomas en co-leader au cas où Froome ne pourrait pas prendre le départ, comme s'il venait à s'écrouler en troisième semaine de course suite à sa course effrénée au maillot rose. Si Froome tape jusqu'à aujourd'hui toujours dans le dos de son copain Thomas en jaune, il n'hésitera pas à le renverser dans les Pyrénées si l'occasion se présente. Aucune amitié ne peut résister au gain d'un cinquième Tour de France qui le mettrait à la table de Merckx, Hinault, Anquetil et Indurain.

Tom Doumoulin (Sunweb) : Comme Froome, Dumoulin sort du Giro. Et comme Froome, le Néerlandais affiche un gros niveau de forme, lui qui n'avait jusqu'à présent jamais joué le général sur le Tour. On sent une frustration immense née du scénario final du dernier Giro. Après la défaillance de Simon Yates dès le pied du Finestre, le papillon de Maastricht se voyait décrocher un deuxième maillot rose de suite, deux jours plus tard dans les rues de Rome, lui qui avoue sans retenue sa fascination pour l'Italie et ses tifosi déchaînés. Au fond de lui, il sait qu'il s'est fait voler par Froome de l'autre côté des Alpes. Il est venu au Tour pour bouleverser l'ordre établi. Même s'il a perdu du temps à Mûr-de-Bretagne sur incident mécanique, Dumoulin est la menace numéro un du Team Sky sur ce Tour 2018. C'est aussi pour cette raison que Froome et Thomas sont toujours unis en surface. Les Pyrénées décideront de la suite. Si Dumoulin tient la barre, il pourra tout renverser sur le dernier chrono au pays Basque comme il l'avait fait au Giro 2017. Cependant, comme pour Thomas, les pourcentages effrayants pyrénéens pourraient sonner le deuil de ses illusions.

Primoz Roglic (Lotto NL-Jumbo) : Roglic réalise pour le moment un Tour de France exceptionnel. A 28 ans, c'est la première fois qu'il joue le général sur un Grand Tour. S'il a perdu un peu de terrain dans la Rosière et l'Alpe d'Huez, il en a repris à Mende. Le Slovène semble clairement monter en régime. Comme pour Thomas ou Dumoulin, les Pyrénées rugueuses ne semblent pas un terrain des plus favorables à ses qualités de rouleur-grimpeur mais sait-on jamais, lui qui réalise une saison 2018 jusqu'à présent exceptionnelle avec des triomphes au pays Basque, en Romandie et en Slovénie. Peu bavard, Roglic avance masqué avec un grand équipier à ses côtés en la personne de Steven Kruijswijk qui a l'expérience du Giro 2016 pour le mener à la victoire. Le Slovène est également très fort contre-la-montre. Le chrono final de 31 kilomètres à Espelette ne pourra que lui convenir. N'ayant pas la fatigue du Giro dans les pattes comme Froome et Dumoulin, il s'apparente comme l'outsider numéro un.

Romain Bardet (AG2R La Mondiale) : Pour le moment, Bardet effectue un Tour de France correct mais sans plus. Il a été malchanceux dans Mûr-de-Bretagne, puis héroïque à Roubaix grâce à un grand Oliver Naesen. Dans les Alpes, Romain a fait du Bardet. Il a attaqué dans l'Alpe d'Huez sans être complètement payé. Il évolue pour le moment un ton légèrement en dessous de la Sky comme de Dumoulin. Son équipe décimée par les abandons de Domont, Vuillermoz et Gallopin ne peut pas peser sur la course. Il est clairement pour le moment le plus mal placé des cinq derniers candidats à la victoire finale, et l'ultime chrono ne plaide clairement pas en sa faveur comparé à Thomas, Froome, Dumoulin et Roglic. A cours de munitions comme d'idées, l'Auvergnat bénéficiera d'une marge de manœuvre extrêmement réduite dans les Pyrénées. Cependant, ayant déjà fait deuxième et troisième sur la Grande Boucle à Paris, Bardet ne pourra pas se contenter d'un simple accessit. Quitte à tout perdre, il y a fort à parier qu'il prenne tous les risques en cette dernière semaine pyrénéenne. L'étape de 65 kilomètres vers le col de Portet semble lui convenir comme un gant, lui le grand amoureux de courses débridées. Contrairement à Peyragudes l'an dernier, il n'attendra pas les 500 derniers mètres pour mettre le feu. En cas d'échec à Paris dans une semaine, c'est-à-dire de résultat au-delà du podium, il sera peut-être venu le temps pour Romain de changer de programme de courses et de viser le Giro et la Vuelta, avant de revenir encore plus fort sur le Tour de France par la suite.

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