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20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 12:21


Après un an passé dans l'oubli, Nairo Quintana revient pour relever son ultime défi : devenir le premier Colombien à remporter le Tour de France.

Entre juillet 2016 et juillet 2017, on a vu Nairo Quintana à peu près partout. Troisième du Tour de France 2016 derrière Chris Froome et Romain Bardet, il s'était vengé deux mois plus tard sur la Vuelta 2016 en réglant le robot britannique dans un duel acharné. Dans la foulée de son triomphe ibérique, le Colombien s'était imaginé pouvoir remporter les trois Grands Tours à la suite, à la manière d'un Alberto Contador en 2015, qui avait seulement échoué sur la Grande Boucle. Nairoman n'a même pas eu à attendre la grande messe de juillet pour cerner ses limites puisqu'il fut dominé dès le Giro 2017 par Tom Dumoulin.

Vaincu en Italie, trois ans après sa victoire de 2014, mal lui en a pris de se présenter au départ du Tour 2017 dans un état de forme précaire. Pour un champion de sa trempe, le voir rallier Paris à la douzième place a fait grincer pas mal de dents. Après le fiasco du Tour, on ne l'a plus revu de l'année, si ce n'est au Mondial de Bergen sous le maillot de la sélection colombienne. Réputé pour trop s'entraîner, le Condor roulait maintenant également trop en compétition, se mettant à dangereusement régresser. Il a donc préféré partir se ressourcer sur son plateau natal de Boyacá, à 3 000 mètres d'altitude, loin de la frénésie européenne et des rumeurs délirantes. Ses relations avec son manager Eusebio Unzué se sont tendues l'été dernier, à tel point que le Condor des Andes a plusieurs fois songé à quitter Movistar, sa maison et son équipe de toujours.

En novembre, il a appris avec stupéfaction le recrutement de Mikel Landa dans son équipe, ce qui n'a rien arrangé au tableau. Landa qui roulait pour Aru chez Astana, puis pour Froome chez Sky, n'a pas fait dans la dentelle en revenant au pays dès la présentation de l'équipe en décembre 2017, à Pamplona. Il a affirmé droit dans les yeux à Unzué et Nairo qu'il venait chez Movistar pour gagner le Tour de France. En manager vicieux, Unzué a laissé faire pour mieux piquer l'orgueil de son champion colombien. Jusqu'à présent, bien lui en a pris, puisque Nairo remonte progressivement la pente. Au dernier Tour de Suisse, le Condor a signé une encourageante troisième place au général, assortie d'une victoire d'étape. Surtout, il a permis de définir momentanément les rôles, avec un Landa en équipier de luxe qui aurait plus ou moins accepté de rester dans l'ombre de son leader sur le prochain Tour de France.

Quintana a mis la pression à Unzué tout le printemps pour envoyer Landa au Giro, et donc de se débarrasser de sa menace en interne sur le Tour de France. Soumis à de fortes allergies au pollen en mai, Landa a refusé la proposition du boss de la Movistar, en échange de ne pas faire d'ombre à Nairo en juillet, puis d'être leader unique sur la prochaine Vuelta. Unzué semble avoir accepté l'offre. Mais entre un vieillissant Alejandro Valverde qui gagne toujours beaucoup de courses, et un Marc Soler qui cogne fortement à la porte, la promesse d'une Vuelta avec Landa en leader unique reste des plus incertaines.

En fin visionnaire, Eusebio Unzué sait que la première semaine terrible dans le nord de la France, avec en point d'orgue l'étape inhumaine des pavés menant à Roubaix, peut mettre bon nombre de leaders au tapis avant même le début de la haute montagne. Il vient donc avec Quintana et Landa sur le Tour pour assurer à minima le podium à Paris. Si l'un des deux perd la Grande Boucle avant Roubaix, il aura fait le bon choix. Dans le cas contraire, cela deviendra probablement la guerre en interne puisque Landa reste un Basque marginal et solitaire, pas vraiment réputé pour tenir ses promesses.

Quintana connaît très bien l'équation complexe qu'il doit résoudre en ce mois de juillet 2018. Pour remporter enfin le Tour de France, il doit maintenant faire face à deux problèmes. Être plus fort que les autres équipes, tout en maintenant au pied l'insaisissable Mikel Landa. A 28 ans, Nairoman n'a plus le temps. Par précaution, il ne parle plus de Sueño Amarillo comme en 2016. La folie hystérique déclenchée par ce rêve dans son pays l'a beaucoup fait relativiser. Le Condor ne veut dorénavant plus être au centre d'attentes qu'il ne pourra combler. Et pour se libérer de la pression immense sur ses épaules, il cite désormais le plus souvent possible Miguel Ángel López et Egan Bernal comme ses potentiels successeurs en Colombie.

Après six années au top niveau, tout le monde voit régresser dangereusement Nairoman depuis un an et demi. Il n'a plus gagné aucune course majeure depuis Tirreno-Adriatico, en mars 2017. Cette année, il a été dominé en Catalogne par son vieil équipier Alejandro Valverde, et pire au Pays basque par le dangereux Mikel Landa. S'il semble avoir rééquilibré un tant soit peu la balance sur le dernier Tour de Suisse, Quintana n'a plus le choix. En bout de course chez Movistar, mais peut-être dans sa carrière tout court, il se doit absolument de remporter le Tour de France 2018. Pour lui, pour la Colombie, pour remporter la course ultime qu'il lui manque...

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29 mai 2018 2 29 /05 /mai /2018 13:30


Chris Froome a finalement remporté le Giro d'Italia 2018. Après une course par élimination semée d'embûches, où il sera tombé dès la reconnaissance du chrono inaugural à Jérusalem, le kényan blanc a réussi son insensé pari de remporter consécutivement les trois Grands Tours du calendrier cycliste. La performance n'avait été réussi auparavant que par Bernard Hinault et Eddy Merckx, mais cela dans une autre époque.

Pour y parvenir, Froomey aura constamment survécu lors des deux premières semaines dans les roues de ses fidèles coéquipiers. Ses concurrents directs auraient dû l'éliminer de la course au maillot rose dès Campo Imperatore, après dix jours de course. Pour l'avoir maintenu dans le jeu, ils ont payé le prix fort dès le Monte Zoncolan, où la célèbre machine à café est ressortie inexplicablement de sa boîte. En tournant les jambes à plus de 100 tours/minutes dans les 15% de l'effroyable Monte Zoncolan, Froome a envoyé un premier signal fort au Giro. Il n'était pas venu en Italie pour préparer le Tour de France ou juste faire du tourisme. Il était toujours Chris Froome, ce mutant capable de développer 420 watts de moyenne, sous son corps rachitique, dans l’ascension la plus raide d'Europe.

Même s'il avait payé ses efforts le lendemain vers Sappada, c'était sans compter sur la troisième journée de repos sur les bords du lac de Garde, où les manipulations sanguines ont dû aller bon train chez Sky. Très fort sur le chrono le lendemain où il était déjà remonté aux portes du podium, Froomey retrouva la pleine mesure de ses moyens surhumains vers Prato Nevoso le surlendemain.

Il a finalement attendu l'étape reine du Jafferau pour mettre tout le monde d'accord. Parfaitement mis sur orbite par Kenny Elissonde (un français qui n'avançait pas du temps de la FDJ) sur la célèbre piste en terre du Finestre, Froomey a jeté tous ses adversaires par... la fenêtre. S'il avait basculé sur la Cima Coppi avec moins d'une minute d'avance sur le tandem Dumoulin-Pinot, ces derniers ont dû attendre Sébastien Reichenbach, piètre descendeur, pour rouler dans les vallées. Carapaz et Lopez, les deux sangsues sud-américaines, ne collaborant pas, Tom Dumoulin se retrouva vite bien seul dans les Alpes piémontaises face au robot Froome à encore 70 kilomètres de l'arrivée.

Au sommet du Jafferau, la Sky avait donc renversé le Giro en une seule étape. Le maillot rose Simon Yates avait complètement explosé dès les premières rampes du Finestre, Domenico Pozzovivo impuissant un peu plus haut, quand le valeureux Tom Dumoulin rendait près de quatre minutes sur les hauteurs de Bardonecchia à Chris Froome. Après la conquête de son quatrième Tour de France en juillet dernier, de sa première Vuelta en septembre à coups de ventoline, le Giro tombait donc dans son escarcelle 48 heures plus tard, à Rome.

Dans un monde normal, Chris Froome aurait dû être immédiatement déclassé du Tour d'Espagne 2017, suspendu par l'UCI dans la foulée, et donc interdit de prendre le départ de ce Tour d'Italie 2018. La Sky ayant l'argent, le pouvoir et les meilleurs avocats au monde, elle a fait pourrir la situation pour permettre à son leader d'empocher les courses, l'argent, et de malmener la grande histoire du cyclisme.

Et à ce rythme, Froome pourrait bien être, dans six semaines, au départ du prochain Tour de France pour tenter de remporter un quatrième Grand Tour consécutif, et une cinquième Grande Boucle. Il se murmure même en coulisses qu'en cas de victoire à Paris, le kényan robotisé pourrait ensuite viser le hat-trick en septembre sur les routes de la Vuelta. Tant que ses produits chimiques, ses moteurs électriques et ses avocats véreux continuent de l'escorter avec complaisance aux sommets des cols, pourquoi ce grand imposteur des temps modernes devrait-il s'arrêter en si bon chemin ?

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29 avril 2018 7 29 /04 /avril /2018 18:36


Excusez-moi pour ma longue absence en ce début d'année 2018 mais je n'avais pas trop la tête à écrire.

Après la 20ème symphonie de Rodgeur à Melbourne, j'aurais pu parler de sa folle semaine à Rotterdam où il est redevenu numéro un mondial... à 36 ans et demi. J'aurais pu mais je ne l'ai pas fait. Depuis, le Maître a merdé en finale d'Indian Wells en loupant trois balles de match contre l'autre homme fort de ce début d'année, Juan Martin Del Potro. Il s'est dans la foulée fourvoyé d'entrée à Miami, rendant le trône à son grand rival Rafael Nadal. Ce dernier, en chaise roulante depuis septembre 2017, a évidemment ressuscité début avril, sur terre battue, en réalisant deux Undécima consécutives à Monte-Carlo et Barcelona. La troisième est bien évidemment attendue à Roland-Garros, sauf si Del Potro joue le tennis de sa vie Porte d'Auteuil, ou encore plus dingue, si Djokovic daigne à redevenir un joueur de tennis. Quant à Federer, il a affirmé vouloir faire une nouvelle fois l'impasse sur terre cette année après sa défaite à Miami. Info ou intox à plus de deux mois de Roland-Garros ? Je crois que le Bâlois attendait juste de connaître le véritable niveau de Nadal avant de se décider. Mais si le Comanche rafle une nouvelle fois tout sur sa surface fétiche, il y a autant de chances que le Maître se rende à Paris qu'Emmanuel Macron se mette à respecter les ouvriers, ou pire qu'Élisabeth Borne me fasse subitement bander.

En ce qui concerne le cyclisme, la saison a été lancée tambour battant. Au rang des frissons, Nibali a gagné Milano-Sanremo à la Nibali, et Alaphilippe la Flèche Wallonne à la Alaphilippe. Le début d'année a été une nouvelle fois marqué par la domination sans partage de l'inusable Valverde, vainqueur en Andalousie, à Abu Dhabi, et en Catalogne. Kwiatkowski a ramassé l'Algarve et Tirreno-Adriatico quand Roglic vise clairement le Tour de France après ses démonstrations de force au Pays Basque et en Romandie. Aussi, le Giro d'Italia commence dans cinq jours avec un Chris Froome toujours pas interdit de courir (il a déjà dépensé sept millions d'euros en frais d'avocats cet hiver pour se défendre, après son contrôle positivement anormal ou anormalement positif à la ventoline, soit autant qu'en cinq saisons pour pédaler à l'AICAR et à l'électrique), un Tom Dumoulin qui remet son titre en jeu, un Fabio Aru en reconquête, et un Thibaut Pinot plus fort que jamais. En bon gérant socialo, le grimpeur Franc-Comtois a fait le pari en 2018 de courir moins pour gagner plus. Impressionnant sur le Tour des Alpes en avril, il débarque en Israël (oui, le Giro part de Jérusalem cette année... en attendant Tokyo demain ?) avec la grosse pancarte sur le dos. Il est pour moi le grand favori de la course rose... s'il a réglé ses problèmes contre-la-montre qui lui avait coûtés à minima le podium l'an dernier.

A titre personnel, j'aurais aimé pouvoir faire le Giro d'Italia pendant... le Giro d'Italia, mais mon instinct ne m'a pas envoyé les bons signaux ces dernières semaines dans la Botte. Après le triptyque espagnol Miami Platja - Vuelta a Murcia - Vuelta a Valencia en mars, et un cinquième Paris - Nice en avril, je me rabats finalement sur la Péninsule Ibérique. Comme Tom Dumoulin, je défendrai donc mon titre chèrement acquis l'an passé après 4 107 kilomètres en 26 jours. Bon, cette année, je table seulement sur 3 000 bornes jusqu'à Lisbonne, mais avec une Basque complètement allumée dans l'oreillette, il se peut évidemment que ce treizième Grand Tour tombe à tout moment dans l'ultra-violence. Aussi, aux gens qui croient que je m'endors dans un salon ibérique en 2018, je tenais à dire que je prépare déjà le Tour d'Europe pour 2019. Un projet stratosphérique de 6 000 kilomètres, sans assistance, allant au moins jusqu'en Slovaquie (on se met même dernièrement à évoquer la Roumanie). Alors oui, j'ai décidé de m'accorder une petite année de transition avec seulement une dizaine de courses par étapes, deux Grands Tours en Espagne (cette Péninsule Ibérique en mai, avant la Vuelta en septembre), une ribambelle de cols en Europe, et normalement un Bordeaux - Paris d'une traite cet été. C'est ce qu'on appelle le confort en marche chez Manu, ou pas !

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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 19:02


Il l’a fait ! Intraitable depuis le début de la quinzaine, Roger Federer a conservé son titre à l’Open d’Australie en dominant Marin Cilic en cinq manches, 6-2, 6-7(5), 6-3, 3-6, 6-1 après 3h03 de jeu. À 36 ans et demi, le Suisse décroche son sixième titre à Melbourne, le vingtième en Grand Chelem ! La légende ne cesse de s’écrire.

Qui l'eût cru il y a encore de cela treize mois quand Rodgeur revenait d'une sale blessure au genou au début de la saison 2017 ? Le Maître sortait alors de quatre années de disette en Grand Chelem, corps et moral en berne. La concurrence n'avait jamais été aussi forte depuis 2012 avec conjointement Rafael Nadal, Novak Djokovic, Andy Murray et Stan Wawrinka à leurs sommets. Plus âgé d'environ cinq ans que ces quatre autres monstres du jeu, Federer semblait inexorablement sur le déclin. Il ne se contentait plus que de miettes à Halle et Basel, dans les tournois secondaires que les autres daignaient lui laisser. La force de Rodgeur aura été de toujours y croire, en lui, en son destin incroyable, et de se dire que les quatre autres ne pourraient pas rester éternellement à leurs zéniths...

Curieusement, c'est en 2017 lorsque le Bâlois est revenu aux affaires que les autres ont commencé à progressivement disparaître des écrans radars, rattrapés un par un par les blessures. Tous sauf un, son ennemi de toujours, Rafael Nadal, qui allait lui aussi reverdir après deux années compliquées. Hautement symbolique, la finale de l'Australian Open 2017 avait été d'une intensité exceptionnelle contre le Majorquin. Dans un cinquième set de légende, le Bâlois était revenu de l'enfer pour signer l'un des plus grands come-back de l'histoire du sport, et balayer au passage ses larmes de 2009, ici-même contre Nadal.

Des larmes, il en fut également question lorsque Federer reçut aujourd'hui le trophée de son 20ème Grand Chelem. Il y a un an, dans la foulée de son 18ème Majeur, il avait dit qu'il aimerait arrêter sa carrière sur le chiffre 20... sans savoir alors qu'il l'atteindrait si rapidement. A Melbourne cette année, malgré un tableau facile, rien n'aura pourtant été évident. L'absence de gros matchs, contrairement à l'an passé, ne lui aura jamais permis de monter en régime pour y développer son meilleur tennis.

Donné ultra-favori de cette finale historique, sa 30ème en Grand Chelem, face à Marin Cilic, Rodgeur aura souvent joué avec le frein à main. En ratant beaucoup d'occasions de breaker au deuxième set, il avait même remis le Croate dans le match en cédant le tie-break. S'il avait remporté le troisième sans embûche, il s'était inexplicablement écroulé dans le quatrième alors qu'il s'était rapidement détaché. Le scénario catastrophe de la finale de l'US Open 2009 contre Juan Martin Del Potro, avec ce même arbitre médiocre Jack Garner, commençait à poindre le bout de son nez.

Tout se joua finalement dans le premier jeu du cinquième set où le Maître écarta miraculeusement deux nouvelles balles de break. Cilic, toujours fragile mentalement dans les moments chauds, venait de laisser passer sa chance. Il concéda bêtement son service dans la foulée, et ne revint ensuite jamais au contact. Rodgeur pouvait alors s'envoler tranquillement vers sa vingtième symphonie. Pour la première fois depuis dix ans et l'US Open 2008, le Maître réussissait donc à conserver un titre du Grand Chelem. Le voilà maintenant seul à 20 Majeurs : 6 AO, 1 RG, 8 WB et 5 USO. Loin dorénavant devant Nadal à 16, Sampras à 14 et Djokovic à 12 !

Conserver son titre à Melbourne lui permet également de revenir à 155 petits points de la première place mondiale détenue toujours par Rafael Nadal. Même si Rodgeur dit ne pas y prêter plus d'importance que cela, on se doute que réapparaitre au sommet de la hiérarchie mondiale à 36 ans et demi, cinq ans et demi après la fin de son précédent règne, et devenir ainsi le plus vieux numéro un mondial de l'ère Open ne serait pas pour le déplaire. Il devrait donc s'inscrire à la fin du mois à Dubaï pour reprendre momentanément le trône, avant Indian Wells et Miami où il aura le maximum de points à défendre.

Après ce retentissant triomphe australien, Federer n'est maintenant plus qu'à quatre petits trophées de la barre des 100 titres en carrière. Avec la reconquête de la place de numéro un, cela sera l'autre grand enjeu de sa saison 2018. Aussi, il y a fort à parier que le Maître adoptera exactement le même programme qui lui a tant réussi l'an dernier. Le revoir sur la terre battue, et donc à Roland-Garros, semble clairement des plus hypothétiques. Car on ne change pas une équipe qui gagne. Encore moins le plus grand tennisman de tous les temps, seul ce soir à 20 GC !

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19 janvier 2018 5 19 /01 /janvier /2018 20:43


Bonne année 2018 à tous, liseurs de ce blog déjanté de la première heure, comme de la dernière !

Je n'en reviens pas que cela fait déjà huit ans que j'écris des conneries ici. Huit années, dix mains courantes, quatre menaces de mort, et deux procès plus loin, on est toujours là les gars, on garde le cap. Mais où ça au fait ? J'aurais aimé te dire que je suis à Melbourne Park avec Roger Federer sous les sunlights, en compagnie de Cadel Evans, et de sa charmante femme pesant à elle seule autant que le PIB du Burkina Faso, mais ce n'est pas le cas.

Non, je suis juste à Paris, comme tout loser qui se respecte. J'ai passé ces deux derniers mois à lire, écrire et traduire différents bouquins en français et espagnol. Sentant que mon business de jeunesse part progressivement en lambeau du côté de la capitale française, je commence à me reconvertir dans un métier plus porteur que jamais : l'écriture. En effet, vu l'explosion de l'analphabétisme dans notre société occidentale, et le besoin toujours plus grand d'information, aussi débile soit-elle, je pense que j'aurais du boulot dans ce domaine jusqu'à la nuit des temps.

Avant de parler un petit peu de moi, je voulais dire que cette année 2018 sera normalement celle du Vigésimo pour Roger Federer. En effet, je ne vois raisonnablement pas comment sa Majesté ne pourrait pas décrocher un 20ème Grand Chelem en carrière cette année sur les trois Majeurs qu'il va être amené à disputer.

Car oui, désolé les gars, le Maître se permet désormais de zapper volontairement Roland-Garros pour maximaliser ses chances à Wimbledon. Combien de titres a t-il perdu à Londres cette dernière décennie en s'écrasant le mois précédent Porte d'Auteuil sur Nadal ou Djokovic ? A bientôt 37 ans, Rodgeur va t-il atteindre la vingtaine dès cet Open d'Australie, ou devra t-il patienter jusqu'à cet été dans son jardin londonien pour y parvenir ? Un premier élément de réponse sera donné dans une dizaine de jours sur la Rod Laver Arena...

En ce qui me concerne, il me tarde à remonter sur mon vélo pour me remettre en marche. J'ai hâte d'attaquer ma 19ème saison sur les routes d'Europe, à l'assaut des plus beaux cols et plus grandes courses par étapes. Aucune tâche n'est trop petite, aucune tâche n'est trop dure comme dirait Tyler Hamilton. Après avoir cassé la Péninsule Ibérique et le Giro en 2017, j'ai décidé de repartir en Italie au printemps prochain. Cela peut paraître une décision surprenante mais je voulais refaire le Giro en mai... pendant le Giro. Et la Vuelta en septembre... pendant la Vuelta. Niveau logistique, comme soutien de fortune, c'est également plus pratique.

En marge de ces deux nouveaux Grands Tours, je me projette également sur le Tour d'Europe. 2019, 2020 ou 2021, nous verrons bien. Il reste du temps mais pas trop non plus. Pour meubler une année 2018 relativement calme, j'ai décidé d'incorporer Paris-Nice en avril et le Dauphiné cet été. J'étais parti pour en rester là mais Naceman m'a piégé récemment du côté de Clermont-Ferrand. A force de traîner Place de Jaude avec une amie, j'ai fini par tomber sur un bouquin du héros local Raphaël Géminiani : Il était une fois Anquetil. Après avoir poursuivi Eddy Merckx avec acharnement l'an passé en Espagne sur la Undécima, j'ai eu comme une apparition, entre deux randonnées dans la neige au Puy-de-Dôme. Une apparition qui me disait que je me devais maintenant de rattraper Maître Jacques...

Moi, qui pensais depuis très longtemps à Bordeaux–Paris, n'arrivais jamais à passer à l'acte. Un peu comme une meuf qui te plaît pour qui tu n'oses pas déclarer ta flamme. En 2010, des gars de mon ex-club de vélo m'avait pourtant déplié le tapis rouge pour cette course d'un jour de 650 kilomètres. A l'époque, je me souviens avoir poliment refusé. Pas assez fort, pas assez dur en peloton pour Kaiser Bientz. Je me trompais. Bordeaux–Paris n'est pas assez fort, pas assez dur, même en solitaire, même sans assistance. Ce qui la rend difficile, c'est de se la cogner dans la foulée d'un Critérium du Dauphiné, comme Jacques Anquetil.

C'est ainsi que j'ai donc maintenant pour objectif de courir Bordeaux–Paris dans la foulée d'un Dauphiné. Quand je dis dans la foulée, c'est évidemment l'esprit qui prévaut. Ne disposant pas du jet privé de Charles de Gaulle, ni d'une organisation de dingue, et encore moins des produits pharmaceutiques qui vont avec, il est évident que je ne finirai pas un Dauphiné à 17 heures sur le pont d'Avignon pour m'élancer six heures plus tard de la place de la Bourse de Bordeaux, à l'assaut de la plus grande course d'un jour possible. En effet, je me contenterai d'un petit détour d'une journée ou deux, par-delà mon camp de base parisien, avant de prendre la route de Burdeos comme dirait Ainara...

Lorsque j'ai exposé ce nouveau projet renversant à Naceman, qui est à la douceur ce que Johnny Hallyday était à l'intelligence, celui-ci m'a simplement répondu sa phrase favorite : « pas de problème ». Sans savoir si le Nace prendra part ou non à cette expédition déglinguée, me voilà déjà rassuré pour cette nouvelle année 2018. Bordeaux–Paris dans la foulée du Dauphiné, seul et sans assistance, s'effectuera normalement sans problème !

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14 décembre 2017 4 14 /12 /décembre /2017 01:54


Toute bonne chose a une fin. Toute arnaque finit par s'arrêter un jour. Chris Froome en était une belle depuis 2011. Elle avait éclot dans la foulée d'une autre encore plus grotesque, celle du pistard-rouleur-grimpeur Bradley Wiggins, au sein de la sulfureuse équipe Sky. Les imposteurs britanniques commençaient alors seulement à dominer le cyclisme mondial à coups de millions, en reprenant les bonnes vieilles recettes de l'US Postal.

Froome, qui n'avait jamais réussi la moindre performance jusqu'à ses 26 ans et demi, se révélait brusquement sur le Tour d'Espagne 2011. Équipier de Wiggins, qu'il devait conduire à la victoire finale, il avait pris le relais de son leader au bout de deux semaines de course sur les pentes effroyables de l'Angliru. A cause d'une mauvaise gestion d'équipe, il avait perdu la Vuelta pour treize petites secondes contre un autre personnage énigmatique, un certain Juan José Cobo.

Il avait alors commencé ouvertement à se plaindre au sein de son équipe de n'être que le numéro 2 derrière Bradley Wiggins. Neuf mois plus tard, de nouveau bien plus fort que ce dernier en montagne, il finissait pourtant de nouveau second d'un Grand Tour, ce coup-ci juste derrière Wiggins. La Sky l'avait clairement désavantagé au profit de Wiggo, car celui-ci incarnait davantage la Grande-Bretagne que Froome. Sur l'île aux tocards, il aurait clairement fait tâche que le premier vainqueur britannique du Tour de France soit... un kényan, aussi blanc et respectable qu'il soit.

En 2013, Froome s'était vengé en empêchant Wiggins de défendre son titre sur la Grande Boucle, et par ricochet en provoquant la fin de sa carrière en Grand Tour. A 28 ans, Froome avait écrasé le Tour avec fracas. Ces victoires hallucinantes à Ax-3 Domaines et au Ventoux avaient éveillé les premiers soupçons de dopage mécanique sur sa personne, en plus de ceux pharmaceutiques face à sa dégaine chétive digne d'un survivant d'un camp de la mort.

En 2014, Froome avait gagné le Tour de Romandie en mai avec de fortes doses de corticoïdes, autorisées par l'UCI, grâce déjà aux autorisations à usage thérapeutique bidon. Il avait ensuite abandonner rapidement le Tour de France, poignets et moral en vrac suite à plusieurs chutes sur les pavés du Nord. Il comptait bien se rattraper à la Vuelta 2014 mais tombait sur un Alberto Contador impérial sur ses terres.

En 2015, le kényan blanc conquérait un deuxième Tour de France grâce à une nouvelle victoire stupéfiante à la Pierre-St Martin, où il avait écœuré tout le monde en démarrant dans du 10%, sous une chaleur de plomb, à plus de 110 tours/minute. Les soupçons de moteur dans son vélo devenant de plus en plus pesants, il avait nettement moins survolé la Grande Boucle l'année suivante, bien que gagnant une troisième fois la plus grande course du monde. Deux mois plus tard, il terminait une nouvelle fois deuxième de la Vuelta, ce coup-ci derrière Nairo Quintana.

En cette année 2017, il avait encore davantage allégé son début de saison en vue du doublé Tour-Vuelta l'été venu. Sa quatrième victoire sr la Grande Boucle avait été acquise d'extrême justesse devant Uran et Bardet. Cela ne l'avait pas empêché de doubler une nouvelle fois en Espagne dans la foulée. Débarrassé de Quintana épuisé par son doublé Giro-Tour, et de Contador au crépuscule de carrière, Froome avait enfin remporté sa première Vuelta. Mais il avait énormément souffert en troisième semaine. Au point de doubler ses doses de ventoline pour résister aux assauts répétés de Vincenzo Nibali, comme il s'en défend depuis hier ?

En cette fin d'année, on sentait qu'il se passait quelque chose de pas clair au sein de la Sky. Alerté depuis septembre par les instances anti-dopage d'un contrôle positif au salbutamol en troisième semaine de Tour d'Espagne, un produit censé combattre l'asthme d'effort, le soit disant mal chronique de Froome, ce bandit de Dave Braidford avait déclaré viser le doublé Giro-Tour avec son leader pour faire diversion et suggérer à l'UCI d'éteindre l'incendie qui se préparait en coulisses. Alberto Contador avait fait pareil fin 2010 pour le résultat que l'on sait...

En attendant le dénouement de cette affaire déjà rocambolesque, il y a comme quelque chose de risible à voir Chris Froome se faire attraper pour de la simple ventoline sur son porte-bagages, quand on le voyait s'envoler dans le Tour de France avec un moteur dans le cadre et de l'AICAR dans les veines. Froome positif au salbutamol, c'est comme si un chauffard de la route se faisait démasquer parce qu'on a repéré la Clio de sa femme mal garée sur un parking de supermarché.

En tout cas, ce contrôle positif au salbutamol le prive déjà du doublé Tour-Vuelta jamais réalisé depuis Bernard Hinault, et par conséquent de l'éventuelle triple couronne au Giro d'Italia 2018. Après six ans de suspicion constante, cette nouvelle ramène le cyclisme dans ses heures les plus sombres, celles de Lance Armstrong. Ce contrôle accable également la Sky et toutes ses théories mensongères sur sa domination outrancière. Il signifie également entre une et deux années de suspension à venir pour Froome. Si cela ne signifie pas forcément la fin de sa carrière, cela l'empêchera forcément de gagner cinq Tour de France, comme les trois Grands Tours consécutivement. Pour le kényan blanc, c'est la fin du safari.

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28 novembre 2017 2 28 /11 /novembre /2017 13:49

 

Après 16 ans d'échecs répétés, la France a enfin remporté sa dixième Coupe Davis. Une Coupe Davis boudée par les meilleurs joueurs du monde et passée au second plan depuis bientôt une décennie. En effet, l'évolution du tennis et le niveau élevé exercé par les cadors a obligé l'ensemble du circuit à se détourner progressivement de cette vieille coupe centenaire.

Depuis dix ans, la France possède une génération exceptionnelle qui ne gagne pas. C'est la fameuse génération des nouveaux Mousquetaires Tsonga, Gasquet, Monfils et Simon. Une génération qui ne remporte ni titre majeur en simple, ni Coupe Davis. D'un point de vue tennistique, c'est une aberration. Surtout lorsqu'on se souvient que la France a décroché la Coupe Davis en 1996 et 2001 avec des joueurs beaucoup moins forts sur le papier.

Depuis seize ans, nous avons en effet enchaîné les déceptions. Il y a tout d'abord eu le drame de Bercy en 2002 contre la Russie. A deux partout, Guy Forget lance Paul-Henri Mathieu pour le match décisif contre Mikhail Youzhny. Le jeune strasbourgeois vient d'exploser en cette fin d'année 2002 en remportant coup sur coup les tournois de Moscou et Lyon. Il mène deux manches à zéro contre le jeune Youzhny avant de perdre en cinq. Il sera poursuivi toute sa carrière par ce désastre.

Les années qui suivent ne sont pas brillantes. Sébastien Grosjean est en fin de carrière, Richard Gasquet arrive mais reste jeune, la France vit alors une difficile époque de transition. En 2008 explosent au plus haut niveau Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Gilles Simon. Avec Richard Gasquet, ils forment le fameux carré magique qui doit permettre de récupérer la Coupe Davis dans les trois prochaines années. Mais la bonne ambiance de façade n'est pas excellente en coulisses. Les joueurs privilégient souvent leur carrière individuelle au Saladier d'Argent.

En 2010, huit ans après, la France revient en finale grâce à Gaël Monfils. Sans Tsonga et Gasquet blessés contre la Serbie à Belgrade, Mickaël Llodra cède lors du cinquième match contre Viktor Troicki. Nouvel échec cuisant alors que nous menions 2-1 le samedi soir après le double comme en 2002.

En 2012, les Bleus sont balayés dans les arènes de Cordoue par l'Espagne de Rafael Nadal. En 2013, ils tombent à Buenos Aires contre une faible équipe d'Argentine. En 2014, la France est de nouveau en finale mais se délite contre la dream team suisse de Roger Federer et Stan Wawrinka. Une nouvelle crise en interne explose ce weekend-là. Elle aboutira un an plus tard sur la nomination de Yannick Noah en remplacement d'Arnaud Clément, après un nouveau fiasco contre la Grande-Bretagne d'Andy Murray.

Noah a déjà gagné deux fois la Coupe Davis en tant que capitaine en 1991 et 1996. Il connait la musique pour souder un groupe mais se heurte très rapidement à la nouvelle génération. Son discours ne passe plus. Il y a comme un décalage avec ses joueurs qui pourraient maintenant être ses gosses. En demi-finale à Zadar contre la Croatie, il est abandonné par Gaël Monfils qui réalise pourtant en simple la meilleure saison de sa carrière. Sans lui, la France sombre contre Marin Cilic. Malgré des discours d'apaisement, Noah ne rappellera jamais Monfils sous le maillot bleu.

Cette année, la France se hisse de nouveau en finale en écartant le Japon sans Nishikori, la Grande-Bretagne sans Murray, et la Serbie sans Djokovic. En finale contre la Belgique à Lille, elle s'impose 3-2 en perdant pourtant ses deux simples contre le leader belge David Goffin. Les français deviennent ainsi la première équipe à gagner la Coupe Davis sans battre un top 40 de leur campagne victorieuse. C'est un succès au rabais qui pose de véritables questions sur l'intérêt réel de cette compétition vieillissante, mais finalement qu'importe.

En revenant aux affaires fin 2015, Yannick Noah n'aura pas réussi à imposer sa griffe. Mais il aura mis seulement deux ans pour gagner là où Forget s'est cassé les dents pendant dix et Clément trois. Il aura aussi fait des choix forts comme écarter cette girouette de Gaël Monfils, et réintégrer Jo-Wilfried Tsonga au profit du sens commun. Tsonga, revenu cette année en demi-finale, aura apporté deux points contre la Serbie et un ce week-end en finale. Évidemment, le mançeau aurait espéré donner la victoire à son pays contre Goffin pour briser enfin cette étiquette de loser qui lui colle à sa peau, comme à celle de ses collègues Mousquetaires. Il échouera dans sa quête, laissant à Lucas Pouille le soin de décrocher la timbale au cinquième match contre un très faible Steve Darcis.

Lucas Pouille ne fait pas partie de la génération surdouée du tennis français qui n'a rien gagné. Il a dix ans de moins qu'eux et tout l'avenir devant lui. Avec une mère finlandaise et un entraîneur stakhanoviste, il a grandi à la dure, loin du confort des enfants gâtés du CNE, trop tôt surnommés Mousquetaires par une presse française aussi irresponsable qu'incompétente. Pouille n'incarne pas cette France qui perd, cette culture de la lose propre à ce pays en perdition comme le décrit si bien Yannick Noah.

En rentrant sur le court à deux partout, devant les siens à Lille, sous pression maximale, Pouille n'a pas fait dans son froc comme Mathieu en 2002 ou Llodra en 2010. Il a démoli Steve Darcis en trois sets secs avec l'aplomb d'un numéro un mondial. Le fait que cela soit lui, et non Tsonga ou Gasquet, qui donne le Saladier d'Argent à la France est plus qu'un symbole. Lucas Pouille incarne à lui seul l'avenir d'une France du tennis qui ne peut, qui ne veut plus perdre.

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15 octobre 2017 7 15 /10 /octobre /2017 23:18


Après la stratosphérique Péninsule Ibérique longue de 4 107 kilomètres et 27 jours en mai, j'avais rendez-vous en ce début d'automne sur les routes italiennes pour passer la douzième. Douze comme le nombre de victoires d'Eddy Merckx en Grand Tour effacé. Douze comme ce chiffre immense qui n'aura fait que me guider ces dernières années...

On ne se refait pas camarade. Chaque être humain vit avec son obsession, son idée fixe. Certains vivent pour aligner les conquêtes, d'autres pour une carrière professionnelle aléatoire, encore d'autres pour gagner et dépenser beaucoup d'argent. Et il y a des types comme moi, qui sortent légèrement de l'ordinaire, puisque je mange, dors et baise Grand Tour depuis une dizaine d'années.

Les gens me demandent souvent à quoi bon tous ces efforts surhumains pour soit disant si peu au final ? Je crois qu'il me faudrait plus d'une vie pour répondre à tout ce que le vélo, et particulièrement l'ultra-cyclisme, m'a apporté dans ma vie d'être humain. Alors si je devais souligner une chose ce soir, et une seule, je dirais la confiance en moi. Lorsque j'ai commencé le vélo en 1999 au lycée, je n'étais qu'un pauvre loser en mal de rêve. Les mecs de mon bahut me regardaient comme un tocard, les profs me disaient que je ne ferai rien de ma vie, comme les filles ne me calculaient pas.

Tout cela a crée beaucoup de frustration en moi. La frustration, c'est la première étape, le préambule à toute réaction épidermique. On dit souvent que le vélo est l'école de la vie. Pour moi, c'était juste une question de survie tellement j'étais mal au quotidien. Surtout à l'époque, je souffrais d'un manque terrible de confiance en moi. Je ne comprenais pas pourquoi de gros nazes exubérants étaient adulés lorsque moi je n'étais que moqué et rallié par l'opinion publique. Avec le temps, j'ai constaté que tous les grands extrémistes du vélo ont vécu des blessures de jeunesse similaires aux miennes, et qu'aujourd'hui encore ils sont marqués au fer rouge par cette époque. Comme moi, Ils n'ont rien oublié, ni pardonné. Ils se sentent aujourd'hui juste au-dessus, tellement au-dessus, à des années-lumière de leurs souvenirs d'enfance.

Avec le temps, les multiples exploits réalisés aux quatre coins de l'Europe m'ont donné une immense confiance en moi. Je suis aujourd'hui autant à l'aise en réunion avec des hauts cadres formatés par la mondialisation qu'au milieu de bobos à boire des bières, ou de branleurs dans une gare dégueulasse. Même si je n'en ai rien à battre de l'amour et de tous ses artifices soporifiques, je suis maintenant également capable de séduire aussi bien une belle étrangère en chaleur qu'une vieille bourgeoise frustrée, ou qu'une jeune hippie altermondialiste. Je n'en tire évidemment aucune fierté puisque je ne vis que pour le vélo, mais toutes ces situations ubuesques, parfois irréelles, résultent de cette fameuse confiance en soi dont si peu de gens dispose.

Plus les années passent et plus je constate que l'assurance m'écrase. A tel point que je suis maintenant capable de rouler malade comme un chien pendant une semaine sur un Grand Tour. De gravir un Monte Grappa sans la moindre énergie dans le froid et le brouillard latent. Comme de rouler à fond sur le plat de la plaine du Pô dans la roue de mon équipier Naceman à 39 km/h... et 39 de fièvre ! Ce dernier appelle cela le totalitarisme. Quand l'homme est mort, le totalitarisme reprend le dessus. Et l'homme ne s'arrête jamais dans ces conditions. Naceman n'avait jamais couru le moindre Grand Tour. Il a pourtant écrasé le Giro d'Italia avec une facilité déconcertante liée à cette fameuse confiance en soi, inaltérable, quasi divine. Oué putain, que c'est agréable d'être ce mec total, cette arme de destruction massive sans compromis dans l'effort !

Dans ces conditions, il m'a évidemment paru impossible d'abandonner la Duodécima, comme ce fameux triple triple me permettant de décrocher au moins chacun des trois Grands Tours historiques du calendrier cycliste. Trois Tours d'Italie, trois Tours de France, quatre Tours d'Espagne, plus un Tour des Alpes et une Péninsule Ibérique. Si l'on m'avait dit cela il y a 18 ans dans mon lycée, j'aurais évidemment répondu que c'était impossible pour un mec comme moi. Impossible pour moi car à l'époque, j'étais un mort vivant sans la moindre confiance intérieure.

Alors si vous hésitez à faire du sport et vous lancer dans des défis sportifs car vous croyez que cela ne vous apportera rien dans votre vie au quotidien, sachez qu'à minima vous acquérez de la confiance en vous. Si vous saviez combien j'ai rencontré de gens "importants" dans ma vie qui n'avaient pas un dixième de mon mental, vous feriez des bonds d'un mètre de haut. Sachez que le monde est une grande imposture, une vaste supercherie, où chacun se branle sur son image fabriquée de toute pièce. Il n'y a finalement que dans le sport, et particulièrement dans le vélo, que se révèle la véritable nature des êtres humains. Alors souvenez-vous qu'il y a 18 ans, j'étais juste un bouffon dans un lycée de merde. Et qu'aujourd'hui, je suis le champion aux douze Grands Tours. Avec comme fil directeur cette putain de fameuse confiance en soi !

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15 octobre 2017 7 15 /10 /octobre /2017 21:54


La dernière fois que j'évoquais le roi Rodgeur ici, c'était pour son 19ème Majeur à Wimbledon. A l'époque, je rêvais secrètement à ce que le Maître redevienne numéro un mondial après l'US Open. Mais ce dernier avait eu les yeux plus gros que le ventre en s'alignant au Canada avant Cincinatti, sur un tournoi qui ne lui a jamais vraiment réussi.

Il faut dire que cette année le niveau des cadors est tellement faible qu'il est difficile de reprocher quoi que ce soit à Rodgeur. Même avec un niveau moyen, ce dernier s'était hissé en finale à Montréal contre la nouvelle pépite Alexander Zverev. Manque de bol, il s'est blessé au dos, a perdu sa finale et a dû renoncer à son tournoi fétiche de Cincinatti qu'il avait pris l'habitude de remporter avant l'US Open.

Cette blessure permit à l'infâme Comanche de reprendre le pouvoir au cœur d'un été pourtant pourri pour lui puisque ce dernier ne mettait plus un pied devant l'autre depuis Roland-Garros et son printemps harassant sur terre battue.

Restez encore l'insupportable Andy Murray blessé à la hanche depuis Wimbledon. Murray, cette sale gueule de con associée à une mauvaise foi maladive. A côté de lui, Nadal et Djokovic passeraient presque pour des gentlemen ! Hey ben, comme vous le savez, cette ordure de Murray n'a rien fait de mieux que de se déplacer à New York juste pour placer Roger et Rafa dans la même partie haute du tableau... avant de déclarer forfait. Deux mois plus tard, l'Ecossais a mis un terme à sa saison et ne reviendra qu'en 2018, ce qui en dit long sur son côté antisportif...

New York rêvait d'un premier blockbuster, et encore plus d'une première finale entre Federer et Nadal, dans son stade Arthur Ashe de 22 000 places, pour en finir avec cette anomalie d'être le seul tournoi du Grand Chelem à ne jamais avoir pu proposer cette confrontation aux yeux du monde entier. Deux Federer - Nadal en finale à Melbourne (2009 et 2017), quatre à Paris (2006, 2007, 2008 et 2011), trois à Londres (2006, 2007 et 2008), et donc toujours aucune à New York. Après les folles balles de matchs écartées par Djokovic contre Federer en 2010 et 2011, c'était ce coup-ci une fausse participation de Murray qui empêchait le blockbuster américain.

Toujours gêné par son dos, Rodgeur héritait d'un tableau compliqué en haut alors qu'il aurait dû normalement se retrouver dans le désert du bas. En quart de finale, le bûcheron Del Potro mettait fin à son parcours avant de se casser les dents sur Nadal. Dans la foulée, l'infâme Comanche remportait son troisième US Open sans la moindre opposition et prenait le large au classement ATP.

A Pékin, il devait sortir au premier tour contre Pouille... avant de gagner le tournoi. Dans la foulée à Shanghai, il poursuivait sa promenade asiatique avant de retrouver le Maître ce dimanche en finale. Quatrième duel de l'année entre les deux hommes, et quatrième branlée pour Rafa. Au top physiquement, Federer a balayé son pire ennemi avec la même facilité déconcertante qu'à Indian Wells et Miami. Les blessures de l'été américain sont à nouveau bien loin pour le Bâlois qui semble n'avoir jamais joué aussi bien qu'à 36 ans.

Sans Djokovic et Murray à l’hôpital cette année pour se faire soigner, personne n'est capable de lui donner la réplique. Les aberrations du classement ATP placent aujourd'hui Nadal largement en tête. Mais celui qui a gagné le plus de gros tournois en 2017 se nomme bien Roger Federer. Et sa moisson en indoor ne fait que commencer avec Bâle, Bercy et le Masters qui arrivent à grand pas. La question est juste de savoir quel programme le plus grand joueur de tennis de tous les temps adoptera en cette fin de saison. Peut-il prendre le risque de jouer à Paris dans la foulée d'un titre à Basel ? Peut-il prendre le risque de zapper son tournoi de Basel pour attraper de plus gros points ATP à Bercy ?

Car avec un Nadal sur les rotules en cette fin d'année, Federer sait qu'un sans-faute en indoor peut le replacer in extremis sur le trône à 36 ans, soit cinq ans après, avec tous les records dithyrambiques qui vont avec ! En attendant, le Maître s'est contenté de remporter à Shanghai un 27ème Masters 1000, ainsi qu'un 94ème titre en carrière, égalant au passage un certain Ivan Lendl. Seul Jimmy Connors reste devant lui avec ses 109 titres. La barre des 100 titres n'est maintenant plus très loin, au même titre qu'un 20ème Grand Chelem. Tels sont les chiffres stratosphériques que Federer visera ces prochains mois...

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9 septembre 2017 6 09 /09 /septembre /2017 23:32


Parce qu'il est un champion unique, parce qu'il est le plus grand coureur cycliste du 21ème siècle, parce qu'il n'avait pas encore gagné cette année, parce qu'il mettra fin demain dans les rues de Madrid à une carrière stratosphérique, Alberto Contador avait décidé de frapper une dernière fois un grand coup sur les pentes du mythique Alto del Angliru.

L'Angliru, ce monstre des Asturies planté à l'ombre du Pico Gamonal, dans la Cordillère Cantabrique, avait déjà propulsé le Pistolero en 2008 vers sa première Vuelta a España, et la triple couronne à seulement 25 ans. Neuf ans plus tard, après avoir attaqué sans relâche pendant trois semaines, en Espagne, pour la dernière course de sa carrière, l'enfant de Pinto a bouclé la boucle de la plus belle manière en s’adjugeant l'étape reine de son Tour national.

Comme en 2016, l'histoire retiendra qu'il finira quatrième de la Vuelta. Le Pistolero présente en effet cette particularité incroyable d'être monté neuf fois sur le podium d'un Grand Tour pour autant de victoires finales. Contador a toujours été l'homme de l'attaque à outrance, un pur grimpeur d'une élégance folle, avec des cojones aussi grosses que celles de Rocco Siffredi, qui préférait prendre le risque de tout perdre pour gagner ! Un champion hors du temps quelque part, un type qui ne finissait jamais deuxième, ni troisième.

Malgré le scandale de la viande avariée en 2010, ses relations sulfureuses tout au long de sa carrière, et l'Opération Puerto, il restera comme le grand champion de la décennie, source d'inspiration de toute une génération en Espagne, et bien au-delà également des frontières ibériques. A voir Enric Mas et Marc Soler se dépouiller dans les derniers kilomètres de l'Angliru, sans aucune chance de l'emporter, pour simplement favoriser la victoire de leur aîné de compatriote, en dit long sur le poids de Contador en Espagne. Et sur le vide qu'il va prochainement laisser dans le monde du vélo...

Alors une dernière fois, merci Alberto pour tous ces moments passés avec toi à vibrer depuis le canapé, directement sur la route, ou l'hiver dans une discothèque de Bilbao entre deux stages d'entraînement. Tu es et resteras l'immense champion qui a donné l'inspiration à toute une génération !

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