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26 mars 2015 4 26 /03 /mars /2015 16:31

24h.-Nice--06-.jpg

 

40 courses par étapes en 10 ans, c'est le score invraisemblable que j'ai atteint mercredi dernier sur la promenade des anglais en bouclant mon troisième Paris–Nice ! 40 courses par étapes dont 7 Grands Tours et 16 monuments du cyclisme en une décennie, ça envoie davantage bordel que les 4 moches, 400 vents et 4000 bières que t'as levés sur la même période. C'est pour cela que je t'offre ce reportage au plus près de la course au soleil...


1ère étape, 11/03/15 : Melun (77) - Chartres (28), 121 km

Arrivé la veille en jet privé de Barcelone sous les coups de 23 heures, je file directement me coucher dans un palace du 7ème arrondissement parisien loué par la fondation. Au moment du départ, il fait plus chaud en France qu'en Espagne. C'est pour cela que j'explique à la presse nationale préférer courir cette année la course au soleil plutôt que la Volta a Catalunya. Mes explications ne convainquent guère l'auditoire. En débutant vent le dos vers Chartres, le seul but de la journée est de faire exploser nos capteurs de puissance. Nous nous faisons ainsi flasher à 55 km/h et 400 watts dans le petit village de Sainville où la police tente en vain de nous interpeller. Doug Ulman accélère encore le rythme dans le final. Il gagne avec deux minutes d'avance dans la cité du flocon d'or, absent des lieux malgré la pression médiatique.

 

2ème étape, 12/03/15 : Briare (45) - Yzeure (03), 161 km
A Briare, Dark Vador fait son apparition avec une journée de retard. Débarqué l'avant-veille des States, il démarre Paris–Nice avec un bon jetlag dans la gueule. Il est secoué d'entrée de jeu par un certain Ghost Rider qui fait la guerre dans chaque bosse à Doug Ulman, leader de la course. Cela provoque la crevaison de ce dernier, un peu avant Nevers. Ulman momentanément dans le fossé, Ghost rêve d'éliminer son PDG de la course au maillot jaune. Au prix d'une poursuite infernale sur les bords d'Allier, notre Doug international rentre sur le peloton, invective la terre entière et règle Ghost Rider au sprint à Yzeure. Etape et maillot jaune conforté avant de se transfuser dans le shop d'un certain Robert à Moulins.

 

3ème étape, 13/03/15 : Yzeure (03) - Roanne (42), 136 km
Nouveau réveil douloureux de Dark Vador qui a bien du mal à se mettre à l'heure européenne dans les contreforts du Bourbonnais. Ulman, qui a reçu un coup de fil dans la nuit de sa chère et tendre, a prévu d'abandonner la course au soleil au soir de cette troisième étape pour retrouver l'amour de sa vie dans la capitale. Il rêve même de la passe de trois à Roanne pour conclure en beauté. Dark Vador est quant à lui éliminé de la course au classement général sur problème mécanique. Son dérailleur lui tombe dans les bras, à l'inverse de la douce Natalie Portman qu'il vénère. C'est V for Vendetta dans la Rivière Noire, premier col du Paris–Nice 2015, où j'entre en piste après deux jours et demi en retrait. J'accélère au train. Ghost craque quand Doug s'accroche tant bien que mal. Soucieux d'offrir à mon PDG son troisième bouquet dans le Roannais, je suis contraint de ralentir à mi-pente, ce qui provoque le retour fulgurant de Ghost Rider, transformé en mutant apnéiste pour l'occasion. Nous basculons à trois au sommet de la Loge des Gardes. Ulman fait une grosse hypothermie dans la descente et finit dans une clinique de Roanne, réanimé par une ravissante infirmière. Pendant ce temps, je l'emporte facilement sur les bords de Loire devant Ghost Rider. Dark Vador arrive lui hors délai, à la tombée de la nuit, seul, et sans Natalie Portman.

4ème étape, 14/03/15 : Roanne (42) - Bas en Basset (43), 137 km
Doug Ulman s'est tellement refait la cerise dans la soirée qu'il est rentré sans perdre de temps en free access avec son pass fondation. Arrivé sous les coups de minuit à Paris, il se sentait tellement bien qu'il n'a pu s'empêcher d'aller décrasser à Longchamp pendant une bonne heure. Il annonce dans la foulée vouloir revenir dès 2016 sur la course au soleil pour la gagner. En attendant, il fait cause commune à distance avec moi dans les gorges de la Loire où le mauvais temps fait des siennes. Dans la côte de St Rambert, Ghost Rider est au rupteur dès lors que je me mets en danseuse. Je le garde avec moi pour mieux rentrer sur Dark Vador, réapparu dans la course après avoir réparé miraculeusement son vélo du côté de St Etienne. Nous rattrapons l'homme de la nuit aux abords de Monistrol sur Loire, tout proche de la ligne d'arrivée. A Bas en Basset, Ghost Rider s'impose au sprint et s'empare du maillot jaune à coups de bonifications. Doug Ulman salue la performance depuis le spa de son chalet en forêt de Fontainebleau avec sa ravissante dulcinée. Au Puy en Velay, pour féliciter Ghost de sa prise de pouvoir, je négocie la peu farouche réceptionniste de notre hôtel miteux. Mon pote est sur le point de conclure l'affaire quand Dark Vador fait son apparition avec sa bouteille de rouge à la main : "Moi, personnellement, au vu de mes goûts, je préfère Natalie Portman". Tout le monde repart la queue entre les pattes dans sa chambre...

 

5ème étape, 15/03/15 : Le Puy en Velay (43) - Aubenas (07), 113 km
Le départ initialement prévu à 10h30 est retardé d'une heure pour attendre le peu matinal Dark Vador. En effet, ce dernier rêve chaque petit matin des stars refaites du showbiz américain. Ses fantasmes sont cependant refroidis quand nous attaquons le col de Chabanis enneigé, comme tout le massif du Mézenc. Nous passons trois heures congelés comme dans un frigo entre le Béage et Montpezat. Il neige abondamment sur le lac d'Issarlès lorsque Ghost Rider déclare à un cameraman de la course qu'il a anormalement chaud. Provocateur à souhait, le célèbre fantôme s'arrête sur le bord de la route pour faire semblant de se mettre en cuissard court. En vérité, il se contente juste de pisser, ce qui provoque la fonte d'un mètre de neige autour de lui. Au Suc de Bauzon, nous basculons sur Labégude, retrouvant la douceur relative de la plaine. Ghost Rider en profite pour démarrer plusieurs fois dans la descente à près de 70 km/h. Il veut tellement gagner cette cinquième étape qu'il s'accroche comme un damné dans la côte finale d'Aubenas. Trop nerveux, il part au tas dans un virage à 90 degrés sous la flamme rouge, me laissant le champ libre pour la victoire d'étape car Dark Vador s'est arrêté dix minutes à Vals les Bains, après avoir cru reconnaître Monica Belluci sortir d'un établissement thermal. A Aubenas, je m'empare pour la première fois du maillot jaune sur ce Paris–Nice. Dark Vador paye sa troisième bouteille de rouge consécutive, tout en promettant de se lever avant 9h30 de la nuit le lendemain.

6ème étape, 16/03/15 : Aubenas (07) - Avignon (84), 142 km
La montagne et la neige sont derrière nous au départ d'Aubenas. Avec Ghost, nous nous changeons en pleine rue à Vogüé, faisant momentanément rêver une boulangère locale qui vote front national par ignorance. En effet, elle n'a jamais vu un gregario arabe injecté une fléchette dans les fesses de son leader allemand en toute décontraction. Interloquée, elle demande même : "C'est le mariage pour tous qui vous permet de vous tripoter ainsi devant tout le monde ?" Ghost Rider, passablement énervé, veut lui répondre que c'est le djihad mais il est coupé dans son élan par l'indéboulonnable Dark Vador : "Moi, personnellement, au vu de mes goûts, je préfère répondre à Natalie Portman". Nous ne nous attardons guère. Le mur à 10% des gorges de l'Ardèche cloue le débat. Dark met pied à terre quand Ghost finit à 300 pulsations par minute. Ce dernier crève un peu plus loin, ce qui ne l'empêche pas d'attaquer à 48 km/h, une fois dans la vallée du Rhône. La pluie nous freine aux abords d'Orange. Nous finissons trempés à Avignon, où Ghost Rider voit au loin un TGV stationner en gare. Se sentant légèrement entamé, il décide de rentrer illico presto avec celui-ci sur Paris. Problème, il n'y a pas de conducteur aux commandes. Ghost présente donc à l'agent de quai son pass fondation avant de démarrer pied au plancher dans le sillon rhodanien. Dark Vador lui emboîte le pas, même s'il a du mal à suivre l'agitation du moment. Ghost lui explique en cabine sa règle des trois cents : "300 km/h en moto, 300 pulsations/minute en vélo, 300 m/s en loco, c'est la vitesse de croisière du Ghost Rider".

7ème étape, 17/03/15 : Avignon (84) - Marseille (13), 160 km
Au réveil, je suis désormais seul à la conquête d'un troisième Paris–Nice. Comme prévu, l'opposition s'est désagrégée au fur et à mesure que la course au soleil descendait dans le midi. Le travail de sape a fini par payer me demande un journaleux débile de La Provence dans le massif des Alpilles. Je lui réponds en lui crachant à la gueule dans Gignac sous la pluie. A Marseille, je sprinte seul pour la gloire aux abords de la gare St Charles. Une société ritalo-fasciste m'interdit l'accès au train de 15h30. Je perds une bonne heure dans l'opération. Le transfert à Brignoles est par conséquent plus long que prévu. Je me mets enceinte le soir à l'Ibis pour récupérer un peu avant la dernière bataille le lendemain vers Nice. Dark Vador m'appelle le soir pour me dire qu'il est heureux d'avoir participé à la course au soleil avec la fondation. Depuis les Etats-Unis, il envisage déjà de courir le Tour de Californie en mai prochain.

8ème étape, 18/03/15 : Brignoles (83) - Nice (06), 141 km
Le soleil revient pour l'arrivée après quatre jours de mauvais temps. Je salue Guillaume Prébois dans le col de Testanier. Ce dernier ne me répond pas. Depuis un an et sa dernière pleurnicherie, il ne me calcule plus. Il préfère monter tous les jours, seul, son Mont Vinaigre à bloc pour mieux se voiler la face. Celle d'un has-been frustré qui n'a plus d'énergie, ni de sponsor pour financer sa carrière de journaliste-cycliste. Je bascule à bloc sur Cannes où je crève devant le palais du festival. Natalie Portman vient m'aborder seule alors que je change ma chambre en air. Elle veut aller boire un verre avec le kaiser quand le kaiser a rendez-vous avec l'histoire. Je lui suggère donc plutôt de s'adresser à Dark Vador. Elle me répond par une baffe dans la gueule. Je repars de la cité cannoise le couteau entre les dents. Nice est au bout de la jetée, comme une offrande prédestinée. La RAI comme la TVE suivent l'exploit en direct. J'arrive seul sur la promenade des anglais en capionissimo après 1111 kilomètres. C'est ma troisième course au soleil en six ans. Je retrouve la mia ragazza straordinaria devant le palais Nikaïa avant de m'enfuir dans une ruelle malfamée. La Gazzetta titre "Grande imperatore sul lungomare degli inglesi". Marca préfère "El kaiser, la cuarentena rugiente". La tête dans les étoiles, je me délecte des deux.

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