Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Profil

  • Roger
  • Roger est à 20 Majeurs
  • Roger est à 20 Majeurs

Recherche

28 novembre 2017 2 28 /11 /novembre /2017 13:49

 

Après 16 ans d'échecs répétés, la France a enfin remporté sa dixième Coupe Davis. Une Coupe Davis boudée par les meilleurs joueurs du monde et passée au second plan depuis bientôt une décennie. En effet, l'évolution du tennis et le niveau élevé exercé par les cadors a obligé l'ensemble du circuit à se détourner progressivement de cette vieille coupe centenaire.

Depuis dix ans, la France possède une génération exceptionnelle qui ne gagne pas. C'est la fameuse génération des nouveaux Mousquetaires Tsonga, Gasquet, Monfils et Simon. Une génération qui ne remporte ni titre majeur en simple, ni Coupe Davis. D'un point de vue tennistique, c'est une aberration. Surtout lorsqu'on se souvient que la France a décroché la Coupe Davis en 1996 et 2001 avec des joueurs beaucoup moins forts sur le papier.

Depuis seize ans, nous avons en effet enchaîné les déceptions. Il y a tout d'abord eu le drame de Bercy en 2002 contre la Russie. A deux partout, Guy Forget lance Paul-Henri Mathieu pour le match décisif contre Mikhail Youzhny. Le jeune strasbourgeois vient d'exploser en cette fin d'année 2002 en remportant coup sur coup les tournois de Moscou et Lyon. Il mène deux manches à zéro contre le jeune Youzhny avant de perdre en cinq. Il sera poursuivi toute sa carrière par ce désastre.

Les années qui suivent ne sont pas brillantes. Sébastien Grosjean est en fin de carrière, Richard Gasquet arrive mais reste jeune, la France vit alors une difficile époque de transition. En 2008 explosent au plus haut niveau Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Gilles Simon. Avec Richard Gasquet, ils forment le fameux carré magique qui doit permettre de récupérer la Coupe Davis dans les trois prochaines années. Mais la bonne ambiance de façade n'est pas excellente en coulisses. Les joueurs privilégient souvent leur carrière individuelle au Saladier d'Argent.

En 2010, huit ans après, la France revient en finale grâce à Gaël Monfils. Sans Tsonga et Gasquet blessés contre la Serbie à Belgrade, Mickaël Llodra cède lors du cinquième match contre Viktor Troicki. Nouvel échec cuisant alors que nous menions 2-1 le samedi soir après le double comme en 2002.

En 2012, les Bleus sont balayés dans les arènes de Cordoue par l'Espagne de Rafael Nadal. En 2013, ils tombent à Buenos Aires contre une faible équipe d'Argentine. En 2014, la France est de nouveau en finale mais se délite contre la dream team suisse de Roger Federer et Stan Wawrinka. Une nouvelle crise en interne explose ce weekend-là. Elle aboutira un an plus tard sur la nomination de Yannick Noah en remplacement d'Arnaud Clément, après un nouveau fiasco contre la Grande-Bretagne d'Andy Murray.

Noah a déjà gagné deux fois la Coupe Davis en tant que capitaine en 1991 et 1996. Il connait la musique pour souder un groupe mais se heurte très rapidement à la nouvelle génération. Son discours ne passe plus. Il y a comme un décalage avec ses joueurs qui pourraient maintenant être ses gosses. En demi-finale à Zadar contre la Croatie, il est abandonné par Gaël Monfils qui réalise pourtant en simple la meilleure saison de sa carrière. Sans lui, la France sombre contre Marin Cilic. Malgré des discours d'apaisement, Noah ne rappellera jamais Monfils sous le maillot bleu.

Cette année, la France se hisse de nouveau en finale en écartant le Japon sans Nishikori, la Grande-Bretagne sans Murray, et la Serbie sans Djokovic. En finale contre la Belgique à Lille, elle s'impose 3-2 en perdant pourtant ses deux simples contre le leader belge David Goffin. Les français deviennent ainsi la première équipe à gagner la Coupe Davis sans battre un top 40 de leur campagne victorieuse. C'est un succès au rabais qui pose de véritables questions sur l'intérêt réel de cette compétition vieillissante, mais finalement qu'importe.

En revenant aux affaires fin 2015, Yannick Noah n'aura pas réussi à imposer sa griffe. Mais il aura mis seulement deux ans pour gagner là où Forget s'est cassé les dents pendant dix et Clément trois. Il aura aussi fait des choix forts comme écarter cette girouette de Gaël Monfils, et réintégrer Jo-Wilfried Tsonga au profit du sens commun. Tsonga, revenu cette année en demi-finale, aura apporté deux points contre la Serbie et un ce week-end en finale. Évidemment, le mançeau aurait espéré donner la victoire à son pays contre Goffin pour briser enfin cette étiquette de loser qui lui colle à sa peau, comme à celle de ses collègues Mousquetaires. Il échouera dans sa quête, laissant à Lucas Pouille le soin de décrocher la timbale au cinquième match contre un très faible Steve Darcis.

Lucas Pouille ne fait pas partie de la génération surdouée du tennis français qui n'a rien gagné. Il a dix ans de moins qu'eux et tout l'avenir devant lui. Avec une mère finlandaise et un entraîneur stakhanoviste, il a grandi à la dure, loin du confort des enfants gâtés du CNE, trop tôt surnommés Mousquetaires par une presse française aussi irresponsable qu'incompétente. Pouille n'incarne pas cette France qui perd, cette culture de la lose propre à ce pays en perdition comme le décrit si bien Yannick Noah.

En rentrant sur le court à deux partout, devant les siens à Lille, sous pression maximale, Pouille n'a pas fait dans son froc comme Mathieu en 2002 ou Llodra en 2010. Il a démoli Steve Darcis en trois sets secs avec l'aplomb d'un numéro un mondial. Le fait que cela soit lui, et non Tsonga ou Gasquet, qui donne le Saladier d'Argent à la France est plus qu'un symbole. Lucas Pouille incarne à lui seul l'avenir d'une France du tennis qui ne peut, qui ne veut plus perdre.

Partager cet article
Repost0

commentaires